Originaires du Nord de la Bourgogne, les Neufchâtel mènent depuis le XIIème siècle une habile politique d’expansion économique et matrimoniale. Thiébaut VIII et son fils Thiébaut IX vont connaître des carrières exceptionnelles auprès du Duc de Bourgogne. Leurs relations avec la Lorraine sont bonnes, mais elles vont se détériorer à la mort du Duc Charles II en 1431 avec l’arrivée de René d’Anjou qui prétend à la succession, soutenu par le roi de France alors que le Duc de Bourgogne soutient Antoine de Vaudémont. Le 2 juillet 1431, René d’Anjou est battu sévèrement à la bataille de Bulgnéville et fait prisonnier. L’arbitre de la paix sera Thiébaut VIII de Neufchâtel, Grand Maître de France et Lieutenant Général dans les Deux Bourgogne, qui s’était abstenu de participer à la querelle.
Son fils Thiébaut IX connaît une ascension rapide et devient Maréchal de Bourgogne à 26 ans. Redoutable chef de guerre mais aussi habile diplomate, il est associé aux grands événements de son époque. Il accueille à Châtel le dauphin, futur Louis XI, en conflit avec son père Charles VII. Il est présent à Péronne lors de l’entrevue entre Charles Le Téméraire et Louis XI. La duplicité de ce dernier envenime les relations avec la Lorraine quand Louis XI donne Epinal à Thiébaut IX en 1463 alors que les Spinaliens jouissent de la lointaine suzeraineté française et préfèrent la candidature du Duc de Lorraine. S’en suivra une longue guerre qui ne s’achèvera qu’en 1472 par un traité assez avantageux en échange du renoncement à Epinal, Thiébaut IX lui-même étant mort en 1469.
Le fils aîné de Thiébaut IX, Thiébaut X, ayant disparu à 25 ans, c’est Henri et Claude qui vont s’illustrer auprès du Duc de Bourgogne. Henri devient général de l’armée de Bourgogne tandis que Claude devient Gouverneur du Luxembourg puis Gouverneur des pays de Bourgogne. C’est lui qui conduit Marie de Bourgogne à la rencontre de son futur époux, l’empereur Maximilien d’Autriche.
Aucun des enfants de Thiébaut IX n’ayant eu de descendance masculine, la seigneurie de Châtel revient à Elisabeth, épouse de Félix, comte de Werdenberg. Par la suite, à l’issue d’un long procès de succession, l’habile Duc Antoine de Lorraine mettra la main sur Châtel en 1544.