Histoire

La forteresse de Châtel-sur-Moselle est l’un des plus importants témoins de l’architecture militaire médiévale de Lorraine.

Installés à Châtel à partir de 1072 les Comtes de Vaudémont, branche cadette des Ducs de Lorraine, édifient une enceinte quadrangulaire autour d’une grande tour rectangulaire. Appelée « donjon » cette tour, construite vraisemblablement à la fin du XIe siècle, fera office de logis seigneurial. De cette tour primitive subsiste la base arasée. L’entrée initiale se trouvait au 1er étage et était munie d’un accès par un escalier de bois. Les comtes de Vaudémont s’installeront au XIIe siècle dans un hôtel seigneurial plus confortable que le donjon.

Au cours du XIIIe siècle, le Comte de Bar obtient la suzeraineté de Châtel en échange d’un financement pour que les Comtes de Vaudémont puissent étendre et moderniser leur château. Les remparts se munissent, de tours de flanquement côté Moselle et d’une tour porche équipée d’un pont-levis à chaine pour l’entrée du château à l’ouest. L’emplacement du pont-levis est toujours existant et se situe dans les sous-sols du Centre Culturel Guyot d’Avilley. Datant de cette époque sont toujours visibles la tour de la Place qui a conservé une hauteur de 10 mètres, la courtine sud-ouest qui renferme la galerie des archers et la salle des gardes. La tour de l’Etuve qui protège l’accès aux sources, et enfin la courtine conduisant à la tour de la Chapelle qui marque la fin du front est du château face à la Moselle datent également de cette époque.

En l’absence de descendance masculine chez la famille comtale des Vaudémont, le château passe par mariage aux mains de la puissante famille franc-comtoise des Neufchâtel en 1373. Avec l’apparition de l’artillerie, Thiébaut VIII de Neufchâtel va comprendre la nécessité de moderniser la place de Châtel. Au nord il fait édifier face au plateau une double enceinte superposée pour résister aux tirs ennemis et pouvoir répliquer avec ses propres canons. Les travaux sont achevés vers 1450 par son fils Thiébaut IX qui va également défendre le front sud le long de la Moselle par un mur bouclier placé devant le mur d’enceinte des Vaudémont. Ce dernier dispose de moyens financiers considérables ainsi que d’une grande compétence en matière d’armement, Thiébaut IX est en effet Maréchal de Bourgogne. La forteresse bien qu’assiégée à plusieurs reprises, ne sera jamais prise.

A l’ouest, un autre hôtel est construit vers 1510 par Félix de Werdenberg, héritier par mariage des Neufchâtel au XVIe siècle. Ce dernier est plus modeste mais sans doute plus confortable avec ses petites pièces munies d’un écoulement des eaux usées. Il possède une cuisine extérieure dont l’évier est encore en place. C’est après la mort de Félix de Werdenberg que la forteresse redeviendra lorraine mais il faudra attendre le siècle de Louis XIV pour qu’elle soit vaincue par les troupes du Maréchal de Créqui, puis démantelée à l’hiver 1670-1671.

Tombés dans l’oubli, les vestiges qui s’étendent sur plus de 5 hectares font aujourd’hui l’objet d’une campagne de travaux importants, à l’initiative de l’Association du Vieux Châtel qui œuvre sur le site depuis 1972 et par la Communauté d’Agglomération d’Epinal, son propriétaire actuel. Celle-ci a défini un programme ambitieux de mise en valeur du site autour de la thématique du Moyen Âge. Le site est classé Monument Historique depuis 1988 et les travaux sont suivis et contrôlés par La Direction Régionale des Affaires Culturelles.

Plusieurs campagnes de fouilles archéologiques ont permis de relever en détail certaines parties du site et ont conduit à la découverte de quantité d’objets, ustensiles de cuisine, armes et boulets qui sont réunis au musée et dans les caves du bâtiment d’accueil.

Découvrez le Focus sur la Forteresse de Châtel-sur-Moselle édité par le Pays d’Épinal Cœur des Vosges :

https://www.laglucoserie.fr/assets/images/pdf/FOCUS_FORTS_2023_vimp3.pdf